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STATUE EN BRONZE - SINGE QUI LIT - THEORIE DE L'EVOLUTION DE DARWIN

Type de produit : Statues et Sculptures
STATUE EN BRONZE - SINGE QUI LIT - THEORIE DE L'EVOLUTION DE DARWIN
20 CM
1764G

400 euros VENDU



« L’Homme descend du Singe. »

On disait aussi très judicieusement qu’en tout cas, l’évolution et la transformation s’étaient complètement arrêtées depuis des milliers d’années, puisque le singe restait singe, et qu’aucune de ses espèces n’avait évolué vers l’homme. Alfred de Besancenet, « Charles Darwin (1809-1882) », dans Les Contemporains, 11, 1892.

Darwin n’a jamais énoncé une telle proposition, fruit de mauvaises simplifications et de contrefaçons souvent malveillantes. La légende biblique de la Genèse a imposé durant des siècles l’idée que le premier homme, Adam, œuvre directe et préférée de Dieu, a été créé par Lui à sa ressemblance. De son côté, l’observation naturaliste la plus élémentaire, bien avant Darwin, a constaté que l’Homme, par sa morphologie et ses comportements, ressemble à un Singe plus qu’à n’importe quel autre animal. Dès les commencements du transformisme (dont l’acte le plus spontané est d’interpréter les ressemblances en termes de parenté), le Singe était appelé à devenir ainsi le rival de Dieu. Le plus noble fruit de la pensée du Créateur se trouvait par là même abaissé au rang de résultat honteux d’un engendrement représenté sur le modèle (lui-même inconsciemment théologique) d’un acte de génération directe. C’est cette idée, fondée sur un conflit des ressemblances où l’Église a reconnu la plus grande menace envers la crédibilité de son dogme fondateur, qui a déterminé en même temps la ridiculisation du Singe (présenté comme une dégradation avilissante et burlesque de l’image de l’Homme) 20 et son placement caricatural en position de progéniteur immédiat des humains. Les nombreux adversaires de Darwin – ecclésiastiques, naturalistes chrétiens, philosophes spiritualistes ou essayistes en quête d’effets à sensation –, ont donc usé fréquemment de cette déformation parodique de sa pensée comme d’une arme commode pour discréditer sa théorie de la filiation des espèces (ou théorie phylogénétique), abusivement présentée comme « théorie du Singe ». En effet, aucun Singe contemporain n’a jamais donné naissance à l’espèce humaine. Si c’était le cas, il faudrait en effet expliquer pourquoi le Chimpanzé, par exemple, tout en ayant « évolué » en Homme, serait en même temps resté Chimpanzé. Cette confusion est si répandue qu’un jeune philosophe a demandé un jour, à la fin d’une conférence, devant un auditoire quelque peu gêné, pourquoi, si Darwin avait raison, il y avait encore des Singes – question qu’il n’est pas rare d’entendre reformuler aujourd’hui encore par certains fondamentalistes religieux. La réponse se trouve naturellement dans la théorie darwinienne de la divergence évolutive. Chaque espèce de Singe vivant actuellement poursuit sa vie d’espèce parallèlement aux autres espèces simiennes survivantes et parallèlement à l’espèce humaine, en tant que toutes sont issues d’un « tronc » commun qui a donné naissance par variation, sélection et adaptation à toutes les espèces de Singes actuels et éteints ainsi qu’au rameau dont est issu, ultimement, l’Homme moderne. En d’autres termes et pour reprendre une formule mille fois répétée par les pédagogues soucieux de rétablir un schéma plus exact dans l’esprit de ceux auxquels ils s’adressent : l’Homme ne « descend » pas du Singe, mais il partage avec les grands Singes un ancêtre commun. 21 Darwin s’est montré longtemps extrêmement discret à propos des Singes, ne leur consacrant dans L’Origine des espèces (1859), puis dans La Variation des animaux et des plantes à l’état domestique (1868) que de très brèves mentions de type biogéographique, anatomique, paléontologique ou éthologique. Ce n’est qu’en 1871, dans La Filiation de l’Homme et la Sélection sexuelle, que, reliant expressément l’Homme aux grands Singes actuels par l’hypothèse d’une ascendance commune, il s’emploie longuement à relever les indices, entre eux, d’une parenté dont on a souvent répété avec justesse qu’elle a plutôt la forme d’un cousinage. Au cours des cinq premiers chapitres de La Filiation, le travail principal de Darwin consiste en effet à établir le catalogue des traits de ressemblance qui rendent manifeste le lien qu’il convient selon lui de reconnaître entre la constitution anatomique et physiologique de l’Homme et celle d’autres membres du groupe des Vertébrés. Ses arguments, empruntés tout d’abord à l’anatomie comparée, et particulièrement à son ami Thomas Henry Huxley, sont déjà classiques : identité de conformation générale du squelette, des muscles, des nerfs, des vaisseaux, des viscères, et même de l’encéphale lorsqu’il s’agit des Singes supérieurs ; communicabilité réciproque de certaines maladies entre les animaux – les Singes en particulier – et l’Homme ; parenté entre les parasites qui affectent les Hommes et les animaux ; analogie également entre les processus qui, chez les uns et les autres, suivent les phases de la lune, entre les phénomènes cicatriciels, entre les comportements reproducteurs, entre les différences qui séparent les générations et les sexes, entre les processus de développement embryonnaire – singulièrement, de nouveau, lorsque la comparaison s’établit avec les Singes ; détention commune d’organes rudimentaires ; existence 22 d’un revêtement laineux (lanugo) chez le fœtus humain au sixième mois ; traces persistantes, chez l’Homme, à l’extrémité inférieure de l’humérus, du foramen supra-condyloïde, ouverture par laquelle passent, chez « quelques Quadrumanes, les Lémuridés et surtout les Carnivores aussi bien que beaucoup de Marsupiaux », le « grand nerf de l’avant-bras et souvent son artère principale », etc. C’est au chapitre vi, fort de ces données indiquant déjà une plus grande proximité entre l’Homme et les Singes qu’entre l’Homme et le reste des Mammifères, et une plus grande proximité entre l’Homme et les grands Singes (Apes) qu’entre l’Homme et les autres Singes (Monkeys), que Darwin énonce son hypothèse phylogénétique concernant l’espèce humaine. Dans la classification usuelle de l’époque, les Simiidés (Simiidae) formaient une subdivision de l’Ordre des Primates. Cette subdivision comprenait le groupe des Catarhiniens, ou Singes de l’Ancien Monde (Afrique, Asie), caractérisés par un nez possédant des narines rapprochées ouvertes vers le bas, dépourvus de queue et disposant d’un nombre total de 32 dents, dont quatre prémolaires à chaque mâchoire ; et le groupe des Platyrhiniens ou Singes du Nouveau Monde (Amérique centrale et méridionale), caractérisés par un nez plat avec des narines distantes ouvertes vers les côtés, pourvus de queue et de six prémolaires à chaque mâchoire (sur un total de 36 dents). Les Catarhiniens comprenaient les « grands Singes », naguère appelés « Singes anthropoïdes » ou encore « Singes anthropomorphes » (principalement Orangs-outans, Gorilles, Chimpanzés). « Or l’Homme », estime Darwin, « appartient incontestablement par sa denture, la structure de ses narines, et sous quelques autres rapports, aux Catarhiniens ou division de l’Ancien Monde ; il ne ressemble aux Platyrhiniens plus étroitement qu’aux Catarhiniens pour 23 aucun caractère, excepté pour quelques-uns de peu d’importance et apparemment d’une nature adaptative. Il est par conséquent contraire à toute probabilité que quelque espèce du Nouveau Monde ait antérieurement varié et produit une créature pareille à l’homme, avec tous les traits distinctifs propres à la division de l’Ancien Monde, et perdant en même temps tous ses propres caractères distinctifs. En conséquence, on ne peut guère douter que l’homme ne soit un rejeton de la souche simienne de l’Ancien Monde ; et que d’un point de vue généalogique, il ne doive être classé avec la division des Catarhiniens. » (La Filiation de l’Homme, chap. vi.) L’Homme est donc un « rejeton » de la souche des Singes Catarhiniens, dont il a divergé au cours de l’évolution, et non évidemment le descendant d’un Singe actuel auquel il devrait être relié par un « chaînon manquant ». Darwin y insiste un peu plus loin : « Et comme l’homme, d’un point de vue généalogique, appartient à la souche Catarhinienne ou de l’Ancien Monde, nous devons conclure, quelle que soit la force avec laquelle notre orgueil se révolte contre cette conclusion, que nos premiers ancêtres auraient été ainsi désignés à juste titre. Mais nous ne devons pas tomber dans l’erreur de supposer que le premier ancêtre de toute la souche Simienne, y compris l’homme, était identique à quelque Singe actuel, ou même lui ressemblait étroitement. » Pour Darwin, l’Homme est donc un Singe Catarhinien dont la divergence, grâce à la variation, à des circonstances favorables et à la sélection naturelle, s’est accompagnée d’un développement physique particulier, ainsi que de cet accroissement considérable du cerveau et des facultés intellectuelles, morales et affectives dont il s’est à ce point enorgueilli qu’il a peine à reconnaître désormais la réalité de son « humble origine ». 24 On sait aujourd’hui, grâce à la superposition des contenus de savoir livrés par les disciplines classiques (anatomie comparée, paléontologie) et des données moléculaires issues des procédures d’exploration contemporaines (analyse comparative de l’ADN), ainsi que grâce aux calculs de la systématique phylogénétique, que l’Homme moderne (Homo sapiens sapiens, redevenu aujourd’hui simplement Homo sapiens) est effectivement si étroitement apparenté au Chimpanzé (Pan) que certains systématiciens estiment qu’il pourrait être rangé avec lui dans un genre unique. Cette proximité avait été expressément énoncée par Darwin, comme le fut également l’origine africaine probable des premiers représentants de l’humanité.
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